Vous préparez la semaine sainte ?
L'EPU de Lille-Fives nous partage sa célébration pour vendredi saint, son interprétation de la proposition que vous trouverez ici : NBP pour le 2 avril 2021
(Accueil)
Chant « Viens, ne tarde plus, adore » JEM 720
Lecture biblique : Premier Jardin.
Genèse 2/7 à 15
7 Le SEIGNEUR Dieu façonna l'homme de la poussière de la terre ; il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant.
8 Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l'est, et il y mit l'homme qu'il avait façonné.
9 Le SEIGNEUR Dieu fit pousser de la terre toutes sortes d'arbres agréables à voir et bons pour la nourriture, ainsi que l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.
10 Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.
11 Le nom du premier est Pishôn ;
c'est celui qui contourne tout le pays de Havila, où l'on trouve l'or
12 et l'or de ce pays est bon. Là se trouvent aussi le bdellium et la pierre d'onyx.
13 Le nom du deuxième fleuve est Guihôn ; c'est celui qui contourne tout le pays de Koush.
14 Le nom du troisième fleuve est le Tigre ; c'est celui qui coule à l'est de l'Assyrie. Le quatrième fleuve, c'est l'Euphrate.
15 Le SEIGNEUR Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder.
Seigneur notre Dieu, nous nous souvenons, aujourd’hui, de ton projet d’amour et d’harmonie pour le monde et pour l’humain.
Devant cette description du premier jardin, devant la passion de ton Fils, nous ne pouvons que constater à quel point notre péché est venu tout gâcher.
Mais Seigneur, tu ne nous as pas abandonnés. Par la venue de ton Fils, par sa passion même, tu es venu restaurer ce que nous avions gâcher.
Ouvre, aujourd’hui, nos cœurs à ce mystère afin que nous puissions contempler et accueillir pleinement de nouveau en ce jour l’œuvre puissante de ton amour qui fais toutes choses nouvelles.
Au Nom de Jésus-Christ
Lecture biblique : Le jardin d’un monde perdu.
1 Après avoir dit cela, Jésus sortit avec ses disciples pour aller de l'autre côté de
l'oued Cédron, où se trouvait un jardin dans lequel il entra, lui et ses disciples.
2 Judas, qui le livrait, connaissait le lieu, parce que Jésus et ses disciples s'y étaient souvent réunis.
3 Judas, donc, qui avait emmené la cohorte et des gardes fournis par les grands prêtres et par les pharisiens, arrive là avec des torches, des lanternes et des armes.
4 Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s'avança et leur dit : Qui cherchez-vous ?
5 Ils lui répondirent : Jésus le Nazoréen. Il leur dit : C'est moi.
Judas, qui le livrait, se tenait avec eux.
6 Lorsqu'il leur dit : « C'est moi », ils reculèrent et tombèrent par terre.
7 Il leur demanda de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus le Nazoréen.
8 Jésus répondit : Je vous l'ai dit, c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez-les s'en aller.
9 C'était pour que s'accomplisse la parole qu'il avait dite : « Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés. »
10 Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa l'esclave du grand prêtre et lui trancha l'oreille droite. Le nom de l'esclave était Malchos.
11 Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans son fourreau. La coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas ?
12 La cohorte, le tribun militaire et les gardes des Juifs s'emparèrent alors de Jésus et le lièrent.
C’est un lieu familier, presqu’intime pour Jésus et ses disciples.
On le découvre tardivement, au moment où tout s’écroule.
On ne savait pas que Jésus et ses disciples s’y étaient réunis souvent.
Jusqu’à présent l’Evangile n’en avait pas parlé.
Un jardin secret, un secret bien gardé, que la trahison de Judas vient soudain révéler à tous, et souiller définitivement.
C’est un jardin.
Et ce mot fait immédiatement monter à nos mémoires des souvenirs d’enfance, des images de détente, de respiration, de bonheur… des images de protection aussi, des images de découvertes et de jeux, des images d’affection et de promesses…
et même des images bibliques comme celle du jardin d’Eden.
Le jardin, on n’y dort pas, on n’y travaille pas, on n’y reste pas, mais il est offert comme un monde où nous pouvons nous recréer, et parfois refaire le monde.
C’est là que Jésus et ses disciples ont l’habitude de se retrouver, de l’autre côté du torrent du Cédron.
Que ce jardin s’appelle Gethsémané, ou jardin des oliviers, cela n’intéresse pas notre récit.
Mais il est à quelques jets de pierres des murs de Jérusalem, sur l’autre rive de ce cours d’eau symbolique, le plus souvent à sec.
Au calme pour se reposer de l’agitation de la ville, et penser à son histoire et à sa vocation.
Dans la verdure pour se rafraîchir de la chaleur étouffante des ruelles.
En plein air pour se sentir libre et percevoir l’immensité du ciel.
Un endroit idéal pour entendre le psaume 23 :
« Le Seigneur est mon berger, sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer, il restaure mon âme… »
C’est là que Jésus et ses disciples ont l’habitude de se retrouver, et c’est comme leur nid, leur cabane, leur espace.
Ils y sont encore ce soir-là, ils viennent d’y arriver, et rien ne dit que Jésus soit alors pris d’angoisse, ni qu’il demande à ses disciples de veiller.
Il n’en a pas le temps.
Chant : Psaume 23
Déjà Judas fait irruption, avec une troupe qui semble assez nombreuse et bien outillée d’armes et de lampes.
Ce n’est pas seulement une trahison, c’est une effraction d’une grande violence.
Dans ce lieu de l’intimité spirituelle et amicale débarquent les gardiens de l’ordre public et de la puissance religieuse.
C’est ainsi que commence la Passion selon Jean.
Par une effraction, par la blessure irrémédiable faite à un lieu de paix, par des bottes qui piétinent l’herbe d’un jardin.
Ici, pour les disciples, rien ne sera plus jamais comme avant.
Pierre dégaine son épée et tranche l’oreille d’un serviteur ;
l’épée reviendra dans son fourreau, mais dans cet évangile l’oreille restera coupée.
Un serviteur ne pourra plus entendre son maître.
Et les disciples ne pourront plus entendre Jésus.
Pour nous aussi, parfois, quelque chose est blessé irrémédiablement.
La grande diversité de nos histoires personnelles le sait.
Et notre histoire collective aussi en a conscience, quand elle parle de corps d’enfants souillés dans le cadre familial, ou quand elle parle de planète blessée par les gros pieds des hommes.
La Passion de Jésus résonne avec toutes nos innocences perdues.
Quelque chose ne pourra plus jamais revenir en arrière.
Nous rêvons de silence
de paix
de communion
au lieu de quoi, c’est
la violence
la trahison
les armes.
Aide-nous, Seigneur à
T’entendre
T’écouter
Te suivre.
Pourtant, dans ce jardin profané et piétiné, Jésus sème encore trois petits cailloux de vie.
Le premier petit caillou parle d’espérance. Malgré le malheur, au milieu de tout ce qui est abimé, contre toute apparence, il y a Dieu. « C’est moi », dit Jésus à ceux qui le cherchent. Et ces mots peuvent s’entendre au sens théologique fort : « Je suis », « depuis le commencement, avec Dieu et en Dieu, je suis. »
Il y a un renversement, tellement renversant qu’il renverse les agents de la force publique et qu’ils en tombent par terre.
L’arrestation donne l’occasion d’une révélation.
Dans cet homme que l’on arrête, c’est Dieu qui est présent.
Il prépare un Royaume, qui renversera le pouvoir des puissants.
SILENCE
Le second petit caillou parle du salut. Jésus s’offre lui-même à la troupe pour que les disciples puissent sauver leur peau.
Et ce geste altruiste annonce le salut qu’il apportera bientôt à tous :
« je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. »
Il y a des choses irrémédiables, incompréhensibles, et nous en connaissons.
Mais en Jésus, nous ne sommes pas perdus, et ce monde non plus.
Il y a un salut à accueillir, pour en vivre de façon nouvelle.
SILENCE
Le troisième petit caillou que Jésus sème dans ce jardin désolé,
nous parle de confiance, et prend ici le visage d’un consentement.
« Cette coupe que mon Père m’a donnée, ne la boirais-je pas ? »
Jésus accepte ce qui est là devant lui.
Il comprend que c’est là où le conduit son amour si entier et si incompris des hommes, et il fait confiance : ce passage douloureux doit être assumé, et grâce à Dieu il aura sa fécondité.
SILENCE
Jésus s’est tu. Il est maintenant ligoté, emmené pour être jugé. Les lampes et les pas s’éloignent du jardin blessé. Les disciples se sont enfuis. Le silence de la nuit recouvre à nouveau toute chose. Qui-donc ira ramasser les trois petits cailloux de l’espérance, du salut et de la confiance ?
Chant Oh j'ai besoin de toi.
Lecture biblique : Le jardin du monde de l’après.
38 Après cela, Joseph d'Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission d'enlever le corps de Jésus. Pilate le lui permit. Joseph vint donc et enleva le corps.
39 Nicodème, qui était d'abord venu le trouver de nuit, vint aussi en apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès.
40 Ils prirent donc le corps de Jésus et le lièrent de bandelettes, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d'ensevelir.
41 Or il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié et, dans le jardin, un tombeau neuf où encore personne n'avait été mis.
42 C'est donc là qu'ils mirent Jésus, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le tombeau était proche
Commentaire
Le dernier accomplissement a eu lieu.
Jésus n’était déjà plus là pour le voir ou pour le dire.
Les soldats sont venus constater le décès, et d’un seul coup de lance les deux dernières prophéties ont été accomplies :
« on ne lui brisera aucun os ». « Ils regarderont à celui qu’ils ont transpercé. »
C’est maintenant que tout semble véritablement accompli.
Le rideau est complètement baissé.
Jésus est mort et il n’y a plus de prophétie en réserve.
Chant : Attaché à la croix (ALL 33-24)
Commentaire : Les 2 disciples de l’ombre.
C’est dans ce crépuscule que se lèvent deux disciples de l’ombre.
Le premier est un inconnu, dans l’Évangile de Jean tout au moins, car Marc le connaît comme « un membre éminent du conseil », et riche de surcroît.
Joseph d’Arimathée était disciple de Jésus en secret, nous dit Jean.
Connaissait-il le jardin secret de l’autre côté du Cédron ?
Mystère… En tout cas il fait bien la paire avec Nicodème,
ce pharisien mieux connu mais tout autant craintif.
Ces deux-là sont des religieux notables, bien insérés dans la société, ayant beaucoup à perdre dans la compromission avec une petite bande de Galiléens illuminés.
Et pourtant, au moment où les disciples patentés et bien identifiés ont fui, ce sont eux qui apparaissent.
Ils engagent leur réputation, leur temps, leur argent :
100 livres d’aromates pour embaumer le corps.
Ils engagent leur pureté rituelle aussi – on ne touche pas un mort sans en être souillé.
Et bien plus que cela, ils engagent leur affection en se livrant au soin du corps.
Car ce ne sont pas des femmes qui viennent embaumer le corps, dans cet Evangile, mais bien deux hommes.
Et dans ce soin tout maternel, un enfantement se produit.
Comme une nouvelle naissance.
Écoutez-le se produire dans la plus grande discrétion.
Joseph demande la permission d’enlever le corps de Jésus, nous dit Jean.
Pilate le permet, et il enlève le corps.
Et avec Nicodème, survenu entre temps, ils prennent le corps de Jésus pour l’embaumer.
Le corps de Jésus est au centre de tous leurs soins.
Mais ce n’est pas le corps de Jésus que finalement ils mettent au tombeau, c’est Jésus lui-même.
« C’est là qu’ils mirent Jésus », écrit Jean,
comme si tant de soin avait permis aux deux hommes de rejoindre Jésus lui-même, au-delà de son corps.
Ce qui se passe là n’est pas une dernière fidélité, dérisoire et trop tardive.
Mais c’est une naissance, la naissance de deux disciples au contact le plus proche de la réalité crue de la mort.
La mort de Jésus acceptée, accueillie, accompagnée.
C’est à cette condition, impossible jusqu’à présent pour les autres disciples, que ces deux-là accèdent au seuil du monde de l’après.
Seigneur, quand je regarde ta croix,
comment avons-nous pu Te crucifier ?
Seigneur, quand je regarde ta croix,
Tu nous as aimé jusqu’à donner ta vie !
Seigneur, quand je regarde ta croix,
et que Tu m’as déjà pardonné !
O Seigneur, puisque Tu m’aimes à ce point,
puisque Tu me pardonnes sans condition ,
je ne veux plus Te crucifier !
donne-moi la force de ton Esprit :
et ma vie toute entière*pour le service de mes frères
Commentaire : Les 2 disciples de l’ombre.
Et pour le dire d’une autre façon, plus symbolique peut-être,
Jean fait surgir un autre jardin.
Un jardin qui semble venir de nulle part. « Il y avait là un jardin », écrit Jean. Comme par hasard, comme tombé du ciel, providentiel.
4
Un autre jardin sans nom, un jardin que les disciples ne connaissent pas et qu’ils n’ont pas fréquenté.
Et dans ce jardin nouveau, un tombeau nouveau, qui lui aussi n’a pas encore été fréquenté. Disponible, en attente, providentiel.
A qui appartient ce tombeau ? On ne le sait pas, chez Jean en tout cas.
Tout ce qu’on sait, c’est qu’il est là, et que c’est bien pratique parce que le temps presse avant le commencement du sabbat.
Joseph et Nicodème connaissent les règles, il faut les respecter, rien ne peut se faire pendant le sabbat, qui commence à la nuit tombée.
Le tombeau qui surgit là est donc un vrai cadeau du ciel.
On y mettra Jésus faute de mieux, en attendant peut-être un autre lieu plus définitif.
C’est une sépulture provisoire, nous suggère finement le récit.
Que sait-on de ce jardin, finalement ? Est-ce un cimetière ?
Peut-être, mais peut-être pas.
Cela n’a pas d’importance.
Ce qui compte, c’est autre chose : c’est un jardin qui se trouve « là où Jésus avait été crucifié. » Puissance du symbolisme, chez Jean !
C’est dans le jardin de la crucifixion que naissent les nouveaux disciples…
Alors chers amis, en ce jour du Vendredi Saint, il nous faut entendre cela.
Le jardin familier de Jésus le Nazoréen avec ses disciples a été piétiné, profané, et avec lui un monde ancien a disparu.
Un monde nouveau apparaît, et déjà il est là, avant même l’aube de Pâques :
au pied de la croix, un jardin nouveau attend ceux qui reconnaissent là le Seigneur.
Le reconnaîtrez-vous, autour de vous, ce jardin ?
Là où la croix demeure plantée en tout lieu de ce monde, et où l’on prend soin des corps et des situations concrètes des gens.
Là où l’on écoute les victimes, là où l’on rencontre les isolés, là où l’on accueille ceux qui demandent asile, là où l’on s’alarme d’une nature en détresse.
Là où vous osez regarder en face ce qui souffre, et où vous pouvez vous approcher sans crainte, portés par l’amour du Créateur.
C’est là que vous pourrez vous dire, un jour :
« il y avait un jardin, au lieu de la crucifixion. »
Un monde nouveau, en attente. Le reconnaîtrez-vous ?
Chant Arc-en-Ciel « O Jésus ta Croix domine » n° 449.
Toi qui nous donnes aujourd’hui notre pain quotidien,
tourne nos regards et nos cœurs
vers tous ceux, qui dans le monde,
n’ont ni pain, ni maison, ni justice, ni espoir.
et tout spécialement notre volonté
insatiable de ne manquer de rien
alors
que tant de frères manquent de tout.
Aide-nous à vivre
simplement,
à dominer nos besoins factices
pour pouvoir partager et aimer davantage.
Ainsi nous serons frères et fils de ton Église,
dans
le monde.
Délivre
nous du mal,
inspire-nous de faire le bien.
Chant Arc-en-Ciel «Torrents d’amour » n° 419.